Il est à peine 14h, ce jeudi 19 janvier. Dans la cuisine de Véronique Lecompte, le thermomètre digital, qui ressemble à un jouet en plastique, affiche pourtant des données alarmantes. Dans la pièce, 15°C et 50% d’humidité. La situation n’est guère plus réjouissante dans le salon, où un poêle à pétrole crépite bruyamment, comme s’il exprimait sa lassitude d’être la seule source de chaleur pour la famille.
Véronique Lecompte s’affaire dans sa maison. Chose rare, Léna, sa petite dernière de 4 ans, reçoit son amie Charlotte pour jouer.
Véronique veille, surveille.
Les fillettes ne doivent pas s’approcher du poêle brûlant. Elles ne doivent pas toucher les murs, couverts de moisissure et de salpêtre. Elles ne doivent pas non plus grimper sur l’escalier en bois, à moitié effondré à cause de la mérule, ce champignon toxique qui s’y est développé. « D’habitude, mes enfants n’invitent pas leurs amis ici, cette maison est trop dangereuse pour la santé. »
Depuis son emménagement à Epaux-Bézu dans l’Aisne, en septembre 2012, cette mère de famille célibataire cumule les galères. L’humidité s’est rapidement déclarée, entrainant la détérioration rapide de son logement. Constat de l’expert indépendant : l’humidité serait due au manque d’étanchéité du sol provoquant d’inquiétantes remontées capillaires. La chaudière refoule du monoxyde de carbone. Véronique a refusé de l’allumer quand un plombier lui a expliqué qu’elle pouvait faire exploser le quartier. « Non conforme » a-t-il tamponné. Le froid s’est installé, le papier peint se décolle des murs détrempés, et la prolifération de champignons instille les maladies respiratoires.
Mais Véronique refuse de partir. Elle a trainé sa propriétaire devant les tribunaux. C’est devenu une affaire personnelle, un combat pour sa dignité. « Je ne partirai pas d’ici tant que ce logement ne sera pas déclaré insalubre et fermé, répète-t-elle, sinon d’autres familles, d’autres enfants seront victimes à leur tour. »